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L’approche du courant anglo-saxon des « practice-based research » à mes travaux de recherche sur l’accompagnement

Mon émigration aux États-Unis au cours de l’été 1996 (San Francisco)* a été l’occasion de conduire des travaux de recherche plus conséquents sur l’histoire du développement du counseling. En effet, j’ai pu bénéficier des matériaux historiques disponibles aux États-Unis pour conduire une revue de la littérature approfondie, mais aussi j’ai pu prendre contact avec les chercheurs, les cliniciens et les espaces cliniques de cette pratique, non seulement en Californie, mais aussi dans d’autres états.

Le type de counseling en direction des personnes séropositives en difficulté de prévention

A partir des années 2000, on observe chez les malades du sida une forme de « désenchantement du monde ». Ils vivent certes, mais la promesse thérapeutique n’est pas assortie d’une promesse sociale. Une nouvelle crise sanitaire, comme l’apparition de la syphilis chez les homosexuels masculins, montre qu’il y a une crise de la prévention chez les personnes séropositives en traitement. Les études confirment par ailleurs une forte incidence des troubles de la sexualité déclarés par 35 à 44 % des personnes séropositives

Le type de counseling adapté aux difficultés que rencontrent les personnes survivant au sida dans la prise de leur traitement

Le suivi des personnes en traitement posait un certain nombre de problèmes cliniques, au sens où personne ne savait, dans les années 1995, quel était le dispositif le plus approprié pour aider une personne malade à prendre un traitement dans la durée, avec des effets secondaires lourds, sachant que l’impact psychique le plus important était pour un sujet de penser qu’il allait revivre et survivre, alors qu’il avait été déclaré mourant quelques mois auparavant.

Les spécificités du counseling VIH sur quatre générations épidémiologiques

J’ai travaillé à l’élaboration d’une clinique visant à répondre aux besoins des personnes infectées et affectées par VIH et ce en suivant l’histoire naturelle de la maladie et l’évolution des thérapeutiques, c’est-à-dire (1) l’absence de traitement médical du sida suivi par (2) l’apparition des tests de dépistage avec ses enjeux subjectifs et sociaux dès lors que nous sommes dans le cas d’une infection sexuellement transmissible, (3) l’apparition des premiers traitements curatifs qui de fait a été l’occasion de nouvelles problématiques.

Un itinéraire de clinicienne dans l’accompagnement des malades du sida

Cette note de synthèse se propose de montrer comment un simple itinéraire clinique, à partir du moment où le clinicien qui le déploie se trouve engagé dans un espace exposé à de vives tensions politiques, devient un itinéraire requérant du clinicien lui-même une remise en question des paradigmes qui fondent l’exercice de sa pratique. Cela n’a pas été sans conséquences dont l’une a été d’apprendre à composer avec les systèmes de contraintes épistémologiques de plusieurs champs disciplinaires tout en continuant néanmoins à exercer une pratique qui se définit comme la mise en œuvre d’une méthode qui n’a pas d’autres finalités que de déployer un certain nombre d’activités visant à construire une relation dont on peut attendre des effets de transformation subjective, thérapeutique et didactique.

Le passage d’une clinique du sujet à une clinique des situations extrêmes

Ma pratique clinique s’est déployée sous la forme de la coexistence de deux cliniques, une clinique d’orientation psychanalytique inscrite dans le courant de la clinique du sujet et une clinique que j’ai développée et conceptualisée comme une clinique des situations extrêmes auxquelles peut se trouver exposé un sujet. Les cliniques des situations diffèrent des cliniques habituelles qu’on qualifie de clinique des états. Il existe plusieurs types de situations extrêmes, mais elles ont en commun de remettre en question, pour la personne qui y est confrontée, la notion même d’humanité et à l’amener à douter de son statut de personne.

Inventer un dispositif d’accompagnement en situation d’urgence sanitaire

Après une formation clinique m’ayant conduite à l’exercice d’une pratique analytique à partir de 1986 en cabinet libéral, je vais rapidement m’engager dans l’invention d’une pratique d’écoute analytique dans des lieux et auprès de publics exposés à des situations de vie et survie singulières, comme celles causées par le sida. Mon travail clinique consiste dans un premier temps à déplacer le divan de l’analyse à l’hôpital.

Penser l’éducation dans un contexte de forte mutation sociale

J’ai soutenu ma thèse pour le doctorat de 3e cycle en juin 1981 sur « Psychanalyse et éducation » dirigée par Jacques Ardoino. J’ai été chargée de cours à l’université de Vincennes de 1979 à 1989 sur les approches cliniques en éducation, tout en étant nommée en 1984 à l’âge de 31 ans maître assistante en sciences de l’éducation à l’université de Rennes. Ma thèse portait sur l’interrogation du champ de l’éducation à partir de la psychanalyse, sur l’idéal pédagogique de la psychanalyse et les conditions de transmission du savoir analytique.

Étudier dans la mouvance des années soixante-dix

Au cours de mes études de philosophie à l’université de Caen et ensuite à Paris 8 et à la Sorbonne, j’ai bénéficié d’une formation représentative des années soixante-dix alliant différents questionnements comme la psychanalyse et le marxisme. Nous étions invités à lire à travers Kant, Hegel, Nietzche, Marx, Lénine mais aussi Bachelard, Freud et Lacan des réponses aux problèmes contemporains qui se posaient à notre génération. Ces problèmes se formulaient sous la forme de quelques questions comme celles-ci : Qu’est-il permis d’espérer à notre génération ? Que peut-on penser après Auschwitz ?

L’expérience des Etats-Unis

Ayant exercé une activité de clinicienne, d’enseignante et de chercheure pendant huit ans aux États-Unis (1996-2004), j’ai été confrontée à des échos différents sur des problèmes analogues qui se posaient au même moment des deux côtés de l’atlantique, comme par exemple la place accordée aux minorités dans les instances gouvernementales, la montée en puissance des recherches communautaires, la formation des malades et bien entendu la tragédie du sida. Bénéficiant d’une double lecture des mêmes événements, cela m’a aidée à m’affranchir et me libérer à la fois des conformismes disciplinaires et aussi des exigences institutionnelles, lorsque celles-ci devenaient des obstacles aux engagements que je désirais tenir.

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