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Le passage d’une clinique du sujet à une clinique des situations extrêmes

Journal de bord

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Habilitation à Diriger des Recherches - HDR

20/04/2023

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Ma pratique clinique s’est déployée sous la forme de la coexistence de deux cliniques, une clinique d’orientation psychanalytique inscrite dans le courant de la clinique du sujet et une clinique que j’ai développée et conceptualisée comme une clinique des situations extrêmes auxquelles peut se trouver exposé un sujet.

Les cliniques des situations diffèrent des cliniques habituelles qu’on qualifie de clinique des états. Il existe plusieurs types de situations extrêmes, mais elles ont en commun de remettre en question, pour la personne qui y est confrontée, la notion même d’humanité et à l’amener à douter de son statut de personne. Les cliniques des situations extrêmes sont celles où c’est le statut de la personne qui est en face de nous, qui vient nous interroger sur l’existence de l’humanité. Elles nous plongent généralement dans un grand désarroi moral et éthique. Les personnes étaient confrontées aux situations invivables causées non seulement par le sida, mais aussi par les réactions sociétales au sida qui étaient bien plus cruelles que la maladie elle-même. 

Ces cliniques convoquent des mouvements contre transférentiels particulièrement intenses et nécessitent de la part du clinicien un travail particulier sur lui-même, qui le met aux prises avec ses propres déterminants biologiques, psychologiques et sociaux.

La question posée ici est celle des limites de notre écoute, au sens où les mouvements identificatoires, dans lesquels l’empathie engage plus ou moins toute personne qui se met en écoute sont impossibles à tenir dans la durée dans les situations intolérables, de par l’inhumanité qu’elles nous renvoient en termes de coresponsables de ce qui se joue pour l’autre. Il ne s’agit pas bien sûr d’une responsabilité juridique ou politique, mais d’une responsabilité au sens où Ricoeur (1990) la définit, c’est-à-dire au sens où ce qui advient à l’autre me concerne et où en plus de répondre à l’autre, je me dois aussi de répondre de l’humanité que nous partageons dans ce moment de rencontre. Ce mouvement de partage psychique minimal d’une même condition d’humain est le seul mouvement qui permet de maintenir une forme de travail dans le dispositif d’accompagnement. 

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