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Étudier dans la mouvance des années soixante-dix

Journal de bord

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Habilitation à Diriger des Recherches - HDR

20/04/2023

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Au cours de mes études de philosophie à l’université de Caen et ensuite à Paris 8 et à la Sorbonne, j’ai bénéficié d’une formation représentative des années soixante-dix alliant différents questionnements comme la psychanalyse et le marxisme. Nous étions invités à lire à travers Kant, Hegel, Nietzche, Marx, Lénine mais aussi Bachelard, Freud et Lacan des réponses aux problèmes contemporains qui se posaient à notre génération. Ces problèmes se formulaient sous la forme de quelques questions comme celles-ci : Qu’est-il permis d’espérer à notre génération ? Que peut-on penser après Auschwitz ? Quelles sont les luttes prioritaires à mener pour modifier la société dans laquelle nous vivons et qui nécessitent d’opérationnaliser des changements radicaux comme la libération des femmes du joug du patriarcat, la décolonisation de l’Afrique, la domination de la pensée de l’homme blanc, la destruction des dictatures, la prise de pouvoir par les travailleurs, l’éradication de la faim dans le monde, la mise au jour des méfaits du capitalisme sur le devenir du monde. Il s’agissait à l’époque d’interroger les théories sur leur degré de pertinence à pouvoir, non seulement comprendre le monde, mais aussi le transformer.

Conduire des études universitaires dans l’après mai 1968 ne pouvait que marquer ma génération, au sens où nous découvrions que le monde était le résultat des idées que nous nous en faisions. Ces idées nous avaient été transmises par les générations antérieures qui tenaient  à maintenir le monde dans l’état lequel il se trouvait, en justifier l’ordre établi, et empêcher toute révolte de ceux qui en pâtissaient.

 

Ma génération s’est trouvée exposée à la fois à la découverte de sa propre soumission potentielle et aussi à sa propre plus ou moins grande adhésion avec la pensée dominante. Ce paradoxe a eu sur moi deux effets : un désir de libération, mais aussi une forme de culpabilité ontologique (la culpabilité d’exister) qui de fait se retrouvera dans le choix de mes objets de recherche, mais aussi des méthodologies et des chemins d’études et de réflexion que j’emprunterai tout au long de ma vie.

Ma confrontation précoce à plusieurs épistémologies concurrentes, pour ne citer que le marxisme et la psychanalyse, m’a ouvert le chemin d’une réflexion critique qui m’a aidée, à d’autres moments ultérieurs, à m’autoriser à convoquer plusieurs lectures du monde dans des moments de crise sanitaire et sociale, comme celle causée par le sida. J’ai été formée, dès mes premières années d’université, à une approche pluridisciplinaire, dans la mesure où j’ai obtenu parallèlement à une licence de philosophie en 1976, une licence de sociologie et une licence de sciences de l’éducation, tout en suivant une psychanalyse personnelle m’amenant à suivre aussi un enseignement sur la psychanalyse. J’ai fait mes études de sciences de l’éducation à l’université de Caen avec le Professeur Gaston Mialaret et les ai poursuivies à la Sorbonne en philosophie et à l’université de Vincennes en ayant comme directeur de thèse Jacques Ardoino, qui constituera une figure importante pour moi dans ma formation de psychosociologue des groupes.

 

Ma position de chargée de cours, dès l’âge de 25 ans à l’université de Paris VIII-Vincennes, m’a permis de pouvoir assister, dans cette même université, aux cours de Gille Deleuze, de François Chatelet, aux conférences de Michel Foucault et aussi de suivre et de valider des enseignements sur la psychanalyse dans le département ouvert par Jacques Lacan. Les cours de Jacques Ardoino, Georges Lapassade, Georges Vigarello, mais aussi ceux d’Hélène Cixoux complèteront ma formation initiale et me permettront, pour reprendre une métaphore bachelardienne, de me lancer dans mes premières ruptures avec le continuum de la pensée des générations antérieures. Issue d’une famille d’instituteurs sur plusieurs générations, étant diplômée de l’école normale d’institutrices, et engagée dans les courants de l’école nouvelle, je me suis dirigée tout naturellement vers les sciences de l’éducation, en étudiant tout particulièrement les approches cliniques en éducation et la psychosociologie des groupes, qui représentaient les courants phares de l’université de Paris VIII-Vincennes.

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