Une vie d’enfant qui valait d’être vécue
Les petits moments de bonheur
La vie pardonnable de mes parents
Un regard sociologique sur les années 50-60
Le monde pouvait m’offrir plus…
Le monde pouvait m’offrir plus que ce que ma situation familiale me présentait comme étant le monde…
Je ne suis pas née d’un désir d’enfant
Ne pas être née d’un désir d’enfant a donné une certaine tournure à mon enfance , on m’a fait sentir très tôt que j’étais une charge et j’en ai fait mon affaire assez tôt dans ma vie
Mes parents n’arrivaient pas à faire famille
J’ai découvert que la famille était un ensemble de faits inconfortables, qu’elle était un espace d’apprentissage de l’obéissance, de la servitude affective. J’ai senti que la famille, que l’esprit de famille décourageait le courage.
Donner ma toupie rouge
Pour les jouets c’est la même chose, ce sont les adultes qui choisissent à notre place. Un jour un oncle m’offre une toupie rouge que j’adore. Mon beau père décide que comme j’en ai déjà une qui est bleue, je dois donner la rouge à un enfant du village. Or je préfère la toupie rouge. Pourquoi les adultes se mêlent-ils de ce qui ne les regarde pas ?
Mes parents, leur fils, Philippe et moi
Un matin, je me suis dit que le monde de ces deux adultes qui avaient pour statut légal d’être mes parents n’était pas mon monde, mais en même temps il était intéressant pour moi de voir ce qui était enseigné et d’étudier comment le monde fonctionnait sans m’englober, car de fait leur seul enfant c’était celui qu’ils avaient eu ensemble. Il y avait donc eux et leur fils et Philippe et moi ! Les choses étaient souvent très claires.
Quand je serai grande
Je vais apprendre toute seule à distinguer ce qui est là et disponible et ce qui relève de l’attente d’un monde meilleur pour moi, car il me faut apprendre une petite philosophie enfantine de la vie. Je ne peux pas passer mon temps à attendre d’être grande. Je dois m’en sortir et faire face tout en pariant et en espérant un « plus tard, quand je serai grande cela sera mieux ». La petite philosophie que je me donnais à l’époque c’est une philosophie morale qui distingue ce qui est bien et ce qui est mal.
Dois-je décider d’obéir ou désobéir ?
Un problème récurrent va occuper plusieurs de mes soirées : dois-je décider d’obéir ou dois-je décider de désobéir et quelles sont les actions et les règles auxquelles je peux désobéir ? Cela veut dire quoi obéir quand on a sept ans ? Cela veut dire manger ce qu’on nous sert à table, faire ce qu’on nous demande, fais ceci , ne fais pas cela, ceci, fais cela, arrête de sucer ton pouce, ne cours pas, tais-toi, tiens toi droite, ne reprends pas deux fois du même plat, écoutes ce qu’on te dit, ne réponds pas, ne sors pas, ne joues pas avec la fille de la ferme, ne bouges pas, restes tranquille, ne ries pas trop fort, ne te plains pas, arrêtes de te plaindre, dis merci, merci qui ?