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Je ne suis pas née d’un désir d’enfant

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Mes épreuves et apprentissages

17/09/2022

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Le fait qu’on m’ait dit très tôt que ma naissance était un accident et qu’on m’ait fait sentir que j’étais une charge, m’a obligée à me saisir de ma vie. Je n’ai pas traîné longtemps dans les illusions de l’enfance, et encore moins dans son innocence. J’étais coupable d’avoir survécu à un destin qui n’avait pas été programmé pour moi par d’autres humains, il me fallait donc faire avec. Très petite j’ai été assignée à la place de l’enfant qu’il faut placer dans une famille d’accueil car il n’y a aucune autre solution . A cause de la grève de la SNCF de l’été 1953, mon placement programmé a été retardé. J’aurais dû être placée plus tôt , et j’avais déjà deux mois et demi quand le voyage de Paris vers la nourrice en Normandie a pu être effectué. La grève des cheminots va durer l’été 1953 du 4 au 25 aout. On dénombre 4 millions de grévistes en France en plein mois d’août. Je ne sais absolument rien de ce qui s’est passé pour ma mère, cette jeune fille de 27 ans célibataire qui se retrouve coincée à Paris avec son bébé et dont elle doit cacher l’existence à son propre père. Un jour celui ci lui rend visite ,ma mère m’a raconté qu’elle a dû alors me cacher dans un placard semi-ouvert . Sa hantise était que je me mette à brailler. Pour elle ce souvenir est un des plus beaux souvenirs de moi en tant que bébé. Elle dit qu’elle éprouva à mon égard une immense gratitude. Je lui avais évité une exposition désastreuse de sa situation à son propre père. Je l’avais aidée et protégée.

Elle se souvient aussi de mon regard de bébé avant sa séparation d’avec moi et avant mon placement, je la regardais droit dans les yeux avec un regard de bébé ayant une posture de pensée et ce regard l’impressionna définitivement toute sa vie. Il ne remonte aucune parole de culpabilité dans ses souvenirs, elle m’a toujours raconté les faits comme une évidence en me demandant de me re-situer dans les contexte des années 50. Il y avait comme une normalité dans son exposé de sa situation et dans son recours au placement de son bébé en famille d’accueil. Finalement cette formulation en termes de normalité m’a évité de me faire des noeuds dans ma tête pendant plusieurs décennies de ma vie. J’avais été placée dans une bonne famille d’accueil de surcroît à la campagne, soit ! Il fallait faire avec cela et avancer comme tout le monde , chacun son histoire, point. Etre placé ce n’était pas la haine, c’était une possibilité et c’est tout, on pouvait en tant qu’enfant endosser cette solution sans la vivre comme une assignation terrifiante. C’est comme cela qu’à priori j’ai commencé. Cela laissait entière la question qu’il fallait se démener ensuite pour se faire aimer et désirer par des personnes dont le métier était de prendre soin de plusieurs enfants à la fois et ce pour plusieurs années.

Le fait qu’on m’ait dit très tôt que ma naissance était un accident et qu’on m’ait fait sentir que j’étais une charge, m’a obligée à me saisir de ma vie. Je n’ai pas traîné longtemps dans les illusions de l’enfance, et encore moins dans son innocence. J’étais coupable d’avoir survécu à un destin qui n’avait pas été programmé pour moi par d’autres humains, il me fallait donc faire avec. Très petite j’ai été assignée à la place de l’enfant qu’il faut placer dans une famille d’accueil car il n’y a aucune autre solution . A cause de la grève de la SNCF de l’été 1953, mon placement programmé a été retardé. J’aurais dû être placée plus tôt , et j’avais déjà deux mois et demi quand le voyage de Paris vers la nourrice en Normandie a pu être effectué. La grève des cheminots va durer l’été 1953 du 4 au 25 aout. On dénombre 4 millions de grévistes en France en plein mois d’août. Je ne sais absolument rien de ce qui s’est passé pour ma mère, cette jeune fille de 27 ans célibataire qui se retrouve coincée à Paris avec son bébé et dont elle doit cacher l’existence à son propre père. Un jour celui ci lui rend visite ,ma mère m’a raconté qu’elle a dû alors me cacher dans un placard semi-ouvert . Sa hantise était que je me mette à brailler. Pour elle ce souvenir est un des plus beaux souvenirs de moi en tant que bébé. Elle dit qu’elle éprouva à mon égard une immense gratitude. Je lui avais évité une exposition désastreuse de sa situation à son propre père. Je l’avais aidée et protégée. Elle se souvient aussi de mon regard de bébé avant sa séparation d’avec moi et avant mon placement, je la regardais droit dans les yeux avec un regard de bébé ayant une posture de pensée et ce regard l’impressionna définitivement toute sa vie. Il ne remonte aucune parole de culpabilité dans ses souvenirs, elle m’a toujours raconté les faits comme une évidence en me demandant de me re-situer dans les contexte des années 50. Il y avait comme une normalité dans son exposé de sa situation et dans son recours au placement de son bébé en famille d’accueil. Finalement cette formulation en termes de normalité m’a évité de me faire des noeuds dans ma tête pendant plusieurs décennies de ma vie. J’avais été placée dans une bonne famille d’accueil de surcroît à la campagne, soit ! Il fallait faire avec cela et avancer comme tout le monde , chacun son histoire, point. Etre placé ce n’était pas la haine, c’était une possibilité et c’est tout, on pouvait en tant qu’enfant endosser cette solution sans la vivre comme une assignation terrifiante. C’est comme cela qu’à priori j’ai commencé. Cela laissait entière la question qu’il fallait se démener ensuite pour se faire aimer et désirer par des personnes dont le métier était de prendre soin de plusieurs enfants à la fois et ce pour plusieurs années.

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