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Quand je serai grande

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Mes épreuves et apprentissages

04/07/1963

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Je vais apprendre petit à petit à distinguer ce qui est là et disponible et ce qui relève de l’attente d’un monde meilleur pour moi.Il me faut me doter d’une petite philosophie enfantine de la vie. Je ne peux pas passer mon temps à attendre d’être grande. Je dois m’en sortir et faire face tout en pariant sur un « plus tard, quand je serai grande cela sera mieux ». Le premier précepte que je me donnais à l’époque c’est une philosophie morale qui distingue ce qui est bien et ce qui est mal.

Mes parents se battent, ils crient, ils ne s’occupent pas de moi : c’est mal, c’est pas bien ! , Les bruits, les cris me font peur c’est pas bien !Je n’ai pas de jouet à Noël: c’est pas bien ! je fais des listes dans ma tête et j’y range un peu ce qui se passe tous les jours ! Il me faut absolument remplir la liste ce qui est bien et pendant plusieurs jours je ne trouve rien à y mettre de nouveau jusqu’à ce jour d’hiver où la neige tombe.Je trouve cela si merveilleux que je me précipite pour toucher cette matière froide et blanche qui recouvre le sol, les arbres, les murets. La route est glissante et j’ai envie de glisser. Je bricole avec mon grand frère une luge à partir de la benne d’un camion jouet en bois. Nous mettons une grosse ficelle et voilà nous nous faisons glisser de la cour d’école à la rivière.La pente est un peu raide, il y a un virage pas facile à prendre avec les pieds.On le rate plusieurs fois, on se retrouve dans le fossé et on rit aux éclats. Immédiatement on remonte sur la luge et on reprend la glisse.

Ce jour-là je mets dans ma liste des choses qui sont bien : jouer à la luge et rester dehors longtemps dans la neige. J’ai joué, j’ai ri et j’ai oublié les parents. Quand je les ai entendus dire » à table » je me suis souvenue de leur existence. J’ai goûté ma première victoire, celle de l’oubli possible pendant quelques heures de ma situation pendant que je jouais dans la neige avec mon grand frère.

Ce qui est bien est donc d’oublier ses parents et de faire des choses pour soi . Mon mètre carré dans la classe après l’école se complète dorénavant d’un millier de mètres carrés dehors. Je sors de la maison, et je commence à explorer la vie autour de l’école. Il fait froid : les joues, les mains, les genoux prennent froid.Il faut bouger, courir, monter la côte, la descendre pour ne pas avoir froid, je range dans ma liste de ce qui est bien : « courir » en dessous de « lire assise à une table d’école dans la classe ou la nuit dans mon lit ! »

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