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Une réponse au Sida en Afrique

Journal de bord

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20ans dans la lutte contre le SIDA en Afrique

10/02/2003

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Parler d’argent, écrire dans mes carnets de mission le soir le coût des choses liées à la vie et à la mort finiront par aller de soi. L’argent, les moyens, c’est ce qu’il faut rassembler pour apporter une réponse au SIDA en Afrique.

Les médicaments coûtent cher… Mais, entre ma première mission et ma dernière mission, pour ne prendre que l’exemple du Burkina, trois ans se seront écoulées et les prix des antiviraux auront été divisés par 10. On pourrait donc dire que c’est formidable, mais cela est aussi d’une violence
absolue pour les personnes et les familles concernées.

J’ai vu des gens vendre leurs petites parcelles de terre pour acheter leurs traitements anti-rétroviraux . J’ai rencontré un couple, lors de ma première mission, amenés à devoir choisir entre lequel devait prendre un traitement et lequel devait se sacrifier dans l’intérêt futur des enfants. Le changement et les évolutions sont dirigés et mis en œuvre dans le cadre de politiques internationales, mais ces changements, même les meilleurs, ne sont jamais préparés avec les populations concernées. Elles ont donc du mal à se les approprier.

Comment expliquez-vous que le même traitement coûte moins cher qu’il y a trois ans, ai-je demandé un jour à une femme ? «Je ne sais pas, je crois que c’est les blancs là-bas qui ont fait quelque chose ?» répondit-elle.

Comment reprendre cette formulation ? De quoi a besoin cette femme à ce moment précis de notre entretien ? Son regard se perd et se pose sur un objet lointain, elle a oublié ma présence, elle a sans doute re-visité ses morts, les siens, ses proches et elle revient petit à petit dans l’espace de notre entretien. Elle se replace différemment sur sa chaise, elle croise ses mains qu’elle regarde à la hâte, son regard descend vers le sol, remonte vers moi, elle me demande alors : «Comment je peux savoir que ma fille de 15 ans n’a rien ?

Si au moins elle peut s’en sortir, moi de mon côté je peux arriver à accepter
l’idée de partir un jour de cette maladie ! J’ai parlé à ma fille, elle sait que je suis malade, souvent elle quitte l’école quand je suis hospitalisée pour aller me chercher les petites ordonnances, alors elle voit bien ce qui se passe, je rentre à la maison, elle prépare les repas, je peux rester couchée et malade pendant des jours…»

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