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N’aies pas peur, je ne suis pas loin

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Mes épreuves et apprentissages

06/03/1963

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Il y avait cette boule de vie, d’énergie, de soleil que je sentais vivre, bouger et remuer en moi qui me dictait plein de choses comme l’énergie du monde, le droit de vivre, la force des arbres, la beauté des ciels rouges d’automne, le dialogue des oiseaux entre eux, le bruit de la rivière, l’odeur de l’herbe des champs, le miaulement des chats, l’aboiement des chiens dans la ferme d’en face, tout était vie, mouvement , formes de vie. Ce qui m’animait dans mon corps, dans ma tête était plus puissant que la peur qui me saisissait. Plutôt que de tenter de négocier avec l’ennemi j’ai commencé à apprivoiser ma peur, j’ai inventé de me parler à moi-même en me disant « n’aies pas peur, c’est fini » même si mon erreur était d’ajouter la formule, « c’est fini », car cela n’était jamais fini et cela recommençait toujours.

Je ne souviens plus exactement comment cela s’est passé, mais un jour je me suis surprise à me dire « n’aies pas peur, je suis là », c’est-à-dire je me suis dédoublée pour m’en sortir. C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à me prendre en charge, je crois que j’avais 8 ou 9 ans. J’avais déjà épuisé le jeu avec mes poupées, le jeu de billes, le jeu des fées, celui de la ronde, de la marelle, tous ces jeux m’ennuyaient. Dorénavant une seule chose m’intéressait la lecture de livres, de tous les livres, la lecture et l’écriture. Je pressentais que savoir écrire c’était moins fugace que savoir penser.

Il me fallait des outils et des objets puissants comme la lecture et l’écriture pour tenir le coup et m’éloigner de la vie absurde qui se déroulait dans cette maison qui vivait au rythme des crises d’éthylisme d’un beau-père .Ma mère manifestait un amour fou à l’égard de son petit dernier que je nommais « Monsieur mon petit frère » et qui avait deux ans de moins que moi.

Le « me prendre en charge » s’est imposé à moi le jour où pour la énième fois où ce petit frère m’a mordue et tiré les cheveux et où Madeleine, la fille de la ferme d’à côté m’a crié en assistant à la scène « défends toi, ne te laisses pas faire ! ». J’ai entendu dans sa voix une telle autorité que j’ai eu honte de ne pas y avoir pensé plus tôt et que je me suis fait la promesse d’agir différemment, même si le lendemain face à la même situation je n’ai pas trouvé les bons fonctionnements. Je ne sais pas pourquoi on fait l’hypothèse que tout être humain sait se défendre spontanément contre une attaque ! Je venais d’une petite enfance « lune de miel » passée en nourrice dans un univers paisible. Personne ne s’en était jamais pris à moi donc je me suis retrouvée sans équipement psychologique ou physique pour savoir comment agir et réagir dans un univers violent, instable et non sécurisé. Je me retrouvais enfant dans une maison où des parents n’arrivaient pas à exercer leurs compétences parentales à mon égard, ni celles qui sont intuitives et viennent du coeur ni celles qui sont requises et auxquels tout parent en général s’astreint : se préoccuper de l’enfant, lui parler, l’aider à s’endormir, l’aider à s’habiller, le sécuriser, le consoler, s’enquérir de ses soucis d’enfant, partager ses joies et ses plaisirs, jouer avec lui etc…

Dès les premières minutes où j’ai rencontré mes parents, j’ai compris que cela se passerait mal entre eux et moi . Ils m’ont regardée des pieds à la tête, et je pense qu’ils ont ressenti mon vif déplaisir à être là chez eux et avec eux. Nous nous sommes détestés d’emblée sauf qu’eux, ils avaient les moyens d’y faire face avec un outillage d’adultes. Ils ont essayé de me faire plier, ils n’ont pas réussi, je leur ai résisté. En tant qu’enfant à cette période-là je n’ai pas eu d’autre choix que de destituer moralement dans mon esprit mes parents de manière à pouvoir survivre à leur insuffisance parentale néfaste à mon développement. En les destituant dans ma tête de leur fonction parentale, j’ai pu éviter la chute avec eux. Par exemple je ne savais pas me défendre contre les morsures de mon petit frère, car opter pour une défense physique musclée aurait été équivalent à devenir comme eux. En même temps je me suis retrouvée face à un dilemme : comment se défendre sans contre attaquer, comment résister aux morsures du petit frère sans me défendre avec mon corps ? Comment s’en sortir en étant différent ?

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