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Mon enfance m’a faite…

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Mes épreuves et apprentissages

04/03/1963

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Cela fait des décennies que j’ai envie de partager une partie des acquis de mon expérience, y compris les composantes douloureuses de celle-ci avec le public de mes enseignements, de mes formations, de mes écrits théoriques. A force de chercher les meilleurs dispositifs pédagogiques pour transformer l’expérience de la maladie en expertise, j’ai interrogé ma propre expérience de vie .Je garde l’impression que ce sont dans ces premiers épisodes de ma vie que j’ai puisé toute l’énergie dont j’ai eu besoin bien des années plus tard pour réaliser quelques projets audacieux. J’ai souvent revisité ce qui pour moi a été « l’échec de mon enfance », pour pouvoir en tirer quelques enseignements utiles à la conduite du reste de ma vie.

J’ai formulé l’expression « l’échec de mon enfance », parce qu’en tant qu’enfant, j’ai constaté que j’échouais de l’échec des adultes à mon égard. C’est cette découverte qui m’a sauvée du désespoir enfantin. Très tôt vers 9-10 ans, l’âge où l’enfant moralise le monde, j’ai fait mes premiers pas en philosophie enfantine en me posant les questions qui m’ont sauvée. Ces questions étaient très simples comme : Est-ce que c’est juste que mes parents me traitent, voire me négligent de cette manière ? Ont-ils raison ? Ont-ils tort ? Dois-je continuer à accepter cela ? Quels sont mes devoirs d’enfant face à de tels parents ? Dois-je continuer à être finalement complice de cette famille qui me fait du mal ou dois-je m’en séparer au plus vite tout au moins dans ma tête?

J’ai commencé à analyser mes comportements d’enfant pour essayer de voir si je nourrissais leur comportement de négligence à mon égard. J’ai essayé de me transformer pour transformer mes parents et je me suis lancée dans un chantier de vie d’enfant . Certains échecs ont attaqué mon estime de soi, ma confiance en moi mais au cœur de ces attaques, j’ai découvert les forces de libération dont peut se saisir un enfant qu’on maintient dans une domination adulte-enfant inappropriée.

Ce chantier de vie d’enfant, j’ai toujours pensé qu’il fallait que je communique avec son maître d’œuvre jusqu’à ce découvre que ce chantier c’était le mien et qu’il était important que je me l’approprie, quitte à assurer moi-même les réparations, les reconstructions et les transformations nécessaires sans avoir à tout démolir. A la différence des chantiers en béton, un chantier de vie c’est un chantier pour la vie. Je sais que si j’avais cédé à la colère ou à une haine fatale consistant à poser mes parents comme coupables et moi comme victime je me serai auto détruite.

J’ai bien entendu désirer dénoncer mes parents aux services sociaux de l’enfance, mais je ne l’ai pas fait. Vivant dans un village perdu au milieu des champs et étant la fille de l’institutrice et du secrétaire de mairie, je savais que toute tentative de plainte était vouée à un échec que je n’aurai pas pu affronter et qui m’aurait fait basculer du côté de l’affront, du sentiment d’injustice et peut-être de la haine. Ce qu’apprend intuitivement un enfant en situation difficile, c’est à éviter ce type de désarroi, car il sait que ceux qui le négligent le font à ses dépens.Les adultes défendent leurs arrières en construisant autour d’eux une surface sociale qui leur permet de continuer à agir au vu et au su de tous sans que personne n’intervienne. Les enfants comprennent très tôt que la plus grande blessure qui leur est infligée, c’est la non-reconnaissance ou le déni de leur expérience. Que faire alors? Cette question m’a habitée sous plusieurs formes. En effet, en tant qu’enfant, j’étais tout à fait consciente que la manière dont mes parents déniaient mon existence, la cachaient et me négligeaient n’était pas correcte. Mais pour y faire face, je devais soit l’accepter comme une malédiction, soit la refuser psychiquement en faisant mine de l’accepter pour ne pas envenimer la situation. Je me suis installée dans la ruse de la pseudo-soumission. De toute façon quand on a cinq ans et demi, et qu’on a des parents ne supportant pas votre existence pour des raisons qui leur appartiennent, que peut-on faire ? Qu’est ce que j’aurais pu faire ? M’enfuir de la maison pendant la nuit, tomber malade et devenir muette, mettre en arrêt mon corps et mon esprit, crier, hurler, ne pas manger, pleurer toute la nuit, prier, attendre un miracle…

La plupart de ces solutions étaient impraticables, pour moi car j’étais trop une boule de vie et d’énergie pour cela. Il y a aussi quelque chose qui intervient chez une enfant de cinq ans et demi c’est la peur. Je ne comprenais pas ce qui se passait, mais je ressentais une peur énorme . Cette peur m’a conduite à devoir prendre soin du stress invalidant qu’elle me causait et donc me centrer sur moi pour dénouer ma gorge qui ne pouvait plus avaler, pour détendre mon esprit qui m’empêchait de dormir, pour récupérer mon cerveau qui voulait apprendre à lire, écrire et compter, pour mobiliser mes capacités de vigilance et échapper à l’espace de vie parental et familial.

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